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Maschinengewehr 34

Mitrailleuse polyvalente Maschinengewehr 34 (Allemagne)

Image

Caractéristiques
MG 34
Calibre : 7,92 mm.
Longueur : 1 219 mm.
Longueur du canon : 627 mm.
Poids : 11,500 kg.
Alimentation : bandes métalliques ou chargeurs. 
Vitesse initiale du projectile : 755 m/s.
Cadence de tir : 800-900 coups/mn.
Hausse : 2 000 m.
Alimentation : bande de 50 coups ou double chargeur-tambour de 75 cartouches.

Par Yves L. Cadiou

En 1919, après quatre années d'expériences acquises sur les champs de bataille, l'état-major allemand reconsidère le problème qualitatif de son armement, et s'attache notamment à doter son infanterie d'une mitrailleuse lourde plus performante. Cette nouvelle arme devra répondre à certaines exigences nées des combats de la veille.

La mitrailleuse sera indispensablement pourvue d'un affût, d'environ 25 kg, afin de mieux stabiliser l'ensemble et donc de réduire la dispersion. En outre, une simplification de la construction sera recherchée, en abandonnant le principe de la culasse à verrou et en recourant aux derniers progrès de la technique de guerre.

La troisième amélioration devra porter sur l'augmentation de la vitesse du tir, coup par coup, et continu, ce dernier point impliquant donc que les bandes de cartouches puissent être introduites sans interruption.

Ces quelques principes fondamentaux serviront de base à la réalisation de la future M.G. 34.

Paul von Mauser décédé le 29 mai 1914 à l'âge de soixante-seize ans, ce grand armurier ne dépassa jamais, dans ses créations, le stade du fusil à verrou à répétition manuelle ; les quelques essais effectués sur les armes automatiques se soldèrent par des échecs. Mais les Maschinen Gewehr 34, les 151-20, conçues et réalisées primitivement à Oberndorf et qui permirent à la Heer, à la Kriegsmarine et à la Luftwaffe de s'assurer respectivement la maîtrise sur terre, sur mer et dans les airs pendant la "drôle de guerre", ne pouvaient être passées sous silence.

Malgré le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919, le "diktat" qui interdisait la fabrication d'armes de guerre sur le territoire allemand, l'Allemagne sut se donner les moyens militaires de sa future hégémonie.

Pour éviter la dévaluation du mark de la République de Weimar, les gros capitaux de l'industrie militaire allemande s'expatrièrent vers des usines d'armement étrangères : Solothurn, en Suisse, à moins de 50 kilomètres de la frontière du "Vaterland", la "Ceskoslovenska Zbrojovka" de Brno, en Tchécoslovaquie, créée de toutes pièces et dirigée par des techniciens de la Waffenfabrik Mauser. Faut-il également rappeler les capitaux considérables depuis longtemps investis dans la fabrique nationale d'armes de guerre de Herstal en Belgique et les 23 000 tonnes de matériel, d'outillages, les plans d'armement et autres, expédiés à Rotterdam à la barbe des alliés ? Ce n'est certainement pas avec les pelles et les pioches dont étaient équipées jusque-là les organisations paramilitaires que l'on pourrait vaincre l'adversaire. Bien sûr, le Gewher 98 de Paul Mauser restait l'arme de prédilection du fantassin et était alors, incontestablement, le meilleur fusil du monde ; sa fabrication fut immédiatement relancée dans tous les arsenaux du Reich. Mais il fallait également des armes automatiques, et des mitrailleuses en particulier, pour équiper les sections d'infanterie, les véhicules blindés, les chars d'assaut, sans oublier les avions de la nouvelle Luftwaffe à qui son chef, le maréchal Goering, entendait bien donner la maîtrise absolue des airs. Les mitrailleuses Maxim, D.W.M. Parabellum, Dreyse, Schwar-zlose et autres Bergmann, sans oublier, la fameuse M.G. 13, ont fait leur temps lors de la guerre de 1914-1918 mais sont maintenant dépassées sur le plan technique et leur prix de revient est devenu exorbitant pour une production de masse. Il est grand temps pour le Waffenamt de faire la synthèse des matériels étrangers d'une part et des "mises au point" réalisées par les ingénieurs allemands résidant "temporairement" à l'étranger.

La principale usine d'armement allemande : la Deutsche Waffen und Munitionsfabrik a été totalement dé-mantelée par les alliés. La seule usine assez importante pour entreprendre l'étude et la fabrication d'une mitrailleuse lourde entièrement nouvelle se trouve à Oberndorf : la Waffenfabrik Mauser, qui vivote avec ses 700 employés fabriquant, presque à contre cœur, des machines à coudre, des automobiles dites "Canard Mauser" dont le prix de revient dépasse toute imagination et, noblesse oblige, quelques carabines de grande chasse.

L'hégémonisme allemand va permettre à l'usine d'Oberndorf de retrouver enfin sa raison de vivre et les cadences effrénées de production d'armes qui lui étaient chères. La course aux armements était lancée.


 

La  mitrailleuse "M.G. 34"

Le cahier des charges établi par les nouveaux responsables militaires allemands précise que, outre le fait qu'elle devra utiliser la munition réglementaire de 8 x 57 mm du fusil d'infanterie, la nouvelle mitrailleuse devra être, suivant une expression moderne, polyvalente, susceptible d'être utilisée en premier lieu comme mitrailleuse légère, équivalent du fusil-mitrailleur français, comme mitrailleuse lourde et éventuellement en mitrailleuse antiaérienne contre les avions volant en rase-mottes; cette dernière condition prévoyant vraisemblablement leur installation sur les "Panzers" dont la fabrication en grande série vient d'être lancée. Le dossier de base de la nouvelle mitrailleuse transmis à la Waffenfabrik Mauser par les services officiels ber-linois constitue le prolongement d'une étude de mécanisme faite par Louis Stange, ex-collègue de travail du célèbre Ugo Schmeisser, ex-ingénieur à la Rheinmetall-Borsig et, depuis, "conseiller technique" à la Waffenfabrik Solothurn A.G., société suisse à capitaux allemands, qui ex-porte quantité de ses mitrailleuses M.G. 29 et M.G. 30 en calibre 8 x 57 mm réglementaire allemand ! Stange utilise une culasse pivotante dérivée de celle conçue par Paul Mauser. Le système de verrouillage par bague, tel que celui réalisé sur les Solothurn, ne donnait pas entière satisfaction aux techniciens de chez Mauser car, pour changer le canon, il était nécessaire de procéder à un démontage quasi complet d'un mécanisme devenu brûlant après un tir à rafale ; une telle opération était impensable sur un champ de bataille.

La culasse tournant dans sa boîte de culasse résout le problème et autorise le changement rapide de canon en ne substituant que ce dernier. Sur le système Stange, non seulement la culasse recule, se dégage (s'éloigne) sous l'effet du recul, mais encore l'énergie potentielle du canon permet, grâce à un accélérateur, d'accroître sa course vers l'arrière. Jusqu'à présent, cette opération était engendrée par la pression résiduelle des gaz dans la chambre. Avec ce nouveau système le fonctionnement devient plus sûr et la cadence de tir peut ainsi être accrue. Le frein de bouche, de forme tronconique, sert non seulement de cache-flamme mais guide aussi la partie avant du canon dans sa course. Lorsque la balle quitte la bouche du canon, la pression des gaz libérés à l'intérieur du frein de bouche s'exerce alors sur la face antérieure du canon aidant ainsi au recul de ce dernier.

 Dans sa première version de base, la M.G. 34 tire en semi-automatique ou à rafale grâce à une détente à deux positions. Au coup par coup, en utilisant son bipied rabattable, sa précision est assimilable à celle du fusil d'infanterie ; en mitrailleuse légère, tirant à rafale, la dispersion est relativement importante et un affût tripode sera prévu pour la transformation en mitrailleuse lourde. La M.G. 34 peut aussi être montée sur un trépied télescopique montant suffisamment haut pour permettre d'utiliser l'arme en mitrailleuse antiaérienne. Ultérieurement un affût spécial sera prévu pour recevoir un jumelage de mitrailleuse servie par un seul homme, matériel conçu pour un usage antiaérien par l'infanterie. Par ailleurs, le cahier des charges du Waffenamt précise que l'arme doit pouvoir être alimentée indifféremment du côté droit ou du côté gauche à l'aide de bandes ou de chargeurs tambours. En mitrailleuse lourde, la M.G. 34 est le plus souvent alimentée par une bande de 50 cartouches à maillons non démontables et il est assez courant de voir le servant de la mitrailleuse relier cinq de ces bandes entre elles par le premier et le dernier maillons de chaque bande qui ont été spécialement conçus à cet effet. Pour les utilisations en mitrailleuse légère, à la classique alimentation par bandes, sont préférés un chargeur tambour contenant une bande de 50 cartouches, soit encore un chargeur spécial constitué de deux tambours, sans bande, jumelés et contenant 75 cartouches réparties en deux spirales. Ces chargeurs permettent une mise en batterie plus rapide de l'arme. L'éjection des étuis vides par le dessous de la boîte de culasse a permis la réalisation de ces différents types de char-gement sans soulever de problèmes techniques.

Par la suite, la mitrailleuse M.G. 34 sera modifiée à plusieurs reprises afin de l'optimiser pour divers emplois et en particulier pour son utilisation sur véhicules blindés, elle sera dotée d'un manchon refroidisseur renforcé afin de recevoir la rotule d'articulation ; elle prend alors la désignation de M.G. 34 (modifiée). Puis elle devient successivement la M.G. 34 S et la M.G. 34-41 d'aspect identique, ou presque, à l'originale, mais quelques modifications les différencient par les points suivants:

a) Tir à rafale uniquement ;

b) Canon plus court ;

c) Ensemble de détente simplifié ;

d) Amortisseur de recul plus important;

e) Bouche  de  plus  grand  diamètre pour améliorer le fonctionnement de l'accélérateur ;

f) Elimination de l'écrou sur le percuteur ;

g) Système   d'alimentation   légèrement modifié ;

h) Culasse simplifiée et plus légère pour augmenter la cadence de tir.

Le manuel militaire d'entretien de la M.G. 34 prévoit que le canon de la mitrailleuse doit être changé après le tir de 250 cartouches en tir continu même si de courts intervalles de repos ont été respectés entre chaque rafale.

Malgré l'adoption de la mitrailleuse M.G. 42, la M.G. 34 restera en service dans les forces armées du IIIe Reich durant toute la Seconde Guerre mondiale, où elle constituera, entre autres, l'armement principal ou secondaire de la plupart des blindés légers, moyens et lourds de la Wehrmacht, allant du PanzerKampfwagen Sd.Kfz 265 de 6 tonnes au "Kolossal" chasseur de chars "Panzer Jager Elefant" de 72 tonnes sur lequel le canon de 88 mm est complété par deux mitrailleuses M.G. 34, armement similaire que l'on retrouve sur le célèbre "Tigre" et quelque peu modifié en ce qui concerne le canon de 75 mm sur le non moins célèbre char "Panther". Armement principal aussi sur les "Panzerspahwagen", véhicules blindés à 4,6 et 8 roues sur  pneumatiques, ainsi que sur les semi-chenilles Sd.Kfz 250/9 et 251. A noter également que les semi-chenil¬les Sd.Kfz 251/16, dont l'armement principal est constitué par deux lance-flammes, disposent également de 2 M.G. 34 en appui-feu.

La France, la Tchécoslovaquie en reçurent bon nombre, à l'armistice, à titre de dommages de guerre. Israël et la VolksPolizei de l'Allemagne de l'Est l'utilisèrent pendant un certain temps. Les Viêt-cong et les forces nord-vietnamiennes s'en servirent longtemps comme mitrailleuse anti-aérienne. Les Portugais en firent une arme d'appui secondaire lors de l'affaire angolaise.

Un dispositif spécial de visée périscopique, le "Deckungszielgeràt", permettant d'utiliser la mitrailleuse à partir d'une tranchée, d'un trou-abri individuel, etc., sans exposer le servant de l'arme au feu de l'ennemi, a été spécialement mis au point, pendant la guerre, pour les M.G. 34 et M.G. 42. Il s'agit en fait d'une armature caissonnée en tôle composée d'un bras se terminant, en bas, par une crosse en tôle et, à sa partie supérieure, par un dispositif de fixation sur l'arme. Un renvoi par miroirs permet d'utiliser la ligne de mire de la mitrailleuse. Le "Deckungszielgeràt" de la M.G. 34 comporte une rallonge de détente autorisant le tir en coup par coup ou le tir à rafale. Ce dispositif rajoute environ 3,4 kg au poids de l'arme d'origine. Le champ de vision couvert à 1 000 mètres mesure 200 mètres de large sur 100 mètres de haut. Un gain supplémentaire de champ d'environ 100 mètres peut être obtenu en déplaçant la tête à droite ou à gauche.