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Chauchat

Chauchat (France)

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Caractéristiques
Chauchat
Calibre : 8 mm.
Longueurs : de l'arme, 1,14 m; du canon, 0,47 m.
Poids : 9,200 kg.
Vitesse initiale : 700 m/s.
Cadence de tir : 250 à 300 coups/mn.
Approvisionnement : chargeur demi-lune de 20 cartouches.

Auteur : Pierre Lorain

Au printemps de 1916, une lutte de titans se déroulait autour de Verdun ; jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, des dizaines de milliers de cadavres s'amoncelaient autour des forteresses défendant la ville. Sans cesse les renforts français, ployant sous le fardeau des armes et des souvenirs, montaient au calvaire de Vaux ou de Douaumont. Au barrage de l'artillerie lourde, suivait l'assaut, accompagné des jets de liquide enflammé : une vision dantesque à laquelle nos troupes épuisées répondaient par le déluge du feu des armes automatiques. Dans un tel enfer, la décision appartenait à celui qui lançait le plus grand nombre de projectiles dans le minimum de temps. Les "Chau-chats" qui venaient d'arriver étaient un précieux appoint pour les mitrailleuses et permettaient de suivre la progression, de cratère en cratère, au rythme des grenadiers.



LA NAISSANCE D'UNE DOCTRINE

Retour aux sources
Les mitrailleuses, Engins redoutables certes, et cela dès 1887, mais engins lourds et peu maniables, mieux à leur place en position fixe, sur les ponts des navires ou dans les positions fortifiées, en mission défensive, qu'en mission offensive, mission qui n'avait pas été prévue au départ et que le poids des premières mitrailleuses rendait peu vraisemblable. Celles-ci étaient en fait de véritables pièces d'artillerie, tractées par des chevaux et montées sur les affûts des siècles précédents, ce qui réduisait leur mobilité et les empêchait de suivre au plus près la progression de la piétaille.

Le progrès technologique aidant, le souci de la légèreté se fit jour avec l'aube du XXe siècle et permit d'augmenter la mobilité des mitrailleuses ; lesquelles, bien que restant encore très lourdes (une soixantaine de kilos avec leur affût), avaient perdu en quinze ans la moitié de leur poids. Les affûts nouveaux avaient abandonné leur caractère d'affûts d'artillerie et permettaient l'installation des armes dans des positions avancées qui pouvaient être rapidement aménagées en campagne et permettaient de soutenir plus efficacement l'infanterie. Notre mitrailleuse Hotchkiss de 1900 en est un bon exemple. Son poids d'une cinquantaine de kilos, également réparti entre le tube et l'affût, semblait raisonnable pour le service terrestre qu'on en attendait.

Le siècle de la vitesse
Cependant, avec le tournant du siècle s'annonçait un tournant des idées et une nouvelle conception de la toute puissance de la mobilité et de la vitesse que permettait l'avènement de la locomotion automobile terrestre et aérienne. Pour ces engins nouveaux, il fallait des armes nouvelles dont l'impératif majeur était la légèreté pour le service à bord des aéronefs.
Le capitaine Cesbron-Lavau écrivait à cette époque : ... Il est hors de doute qu'en temps de guerre, les dirigeables ou aéroplanes auront, tels des oiseaux de proie adverses, à attaquer des collègues ou à s'en défendre... combat similaire à celui de la patrouille de découverte.

Plus importante, sans doute, fut la révélation du fait que la cavalerie du XXe siècle aurait à combattre plus souvent à pied qu'à cheval. Les grandes manœuvres allemandes, sanctionnées par la guerre des Boers (1900-1902), l'avaient bien prouvé. La cavalerie, dont on envisageait maintenant l'emploi pour des missions de jalonnement ou de freinage, avait besoin de fusils ou mieux, de mitrailleuses très légères débarrassées de leur affût et susceptibles d'être portées à la selle. Citons l'opinion du capitaine d'artillerie Pesseaud qui résume bien la tendance générale de la première décennie du XXe siècle : ...La "question des mitrailleuses", qui n'a pas cessé d'être à l'ordre du jour, semble entrer depuis quelque temps dans une phase nouvelle, caractérisée par la recherche du maximum de légèreté compatible avec un bon fonctionnement. On a reconnu, en effet, surtout depuis que cette arme a reçu la sanction d'une guerre, que son emploi tactique exigeait avant tout une extrême mobilité. C'est ainsi qu'on a été conduit à la conception d'une arme nouvelle : le fusil -mitrailleuse.



LES REALISATIONS

Le fusil-mitrailleuse Madsen et la guerre russo-japonaise
En 1902, le lieutenant Schouboe de l'armée danoise, assisté du capitaine Madsen, inventèrent un fusil-mitrailleuse dont la réputation mondiale ne cessa de s'affirmer. D'une bonne conception, admirablement bien construit, fonctionnant sans faille, robuste et léger, le F.M. Madsen servit jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale dans la plupart des armées du monde. Adopté, au début du siècle, comme arme réglementaire de cavalerie au Danemark et en Russie, il fut mis en essai et souvent adopté comme arme semi-réglementaire en Suède, en Norvège, aux Etats-Unis, aux Indes, au Japon, au Brésil et dans les Pays-Bas. La firme D.R.S. (Dansk Rekylriffel Syndicat), puis la société Rexer C°, concessionnaire des brevets pour l'Angleterre et le Canada, s'empressant de fournir l'extraordinaire petite mitrailleuse de cavalerie, car tel était son nom d'origine, à qui la désirait ; et tous la voulaient car elle avait fait ses preuves dès 1904 et 1905, lors de la guerre russo-japonaise.

Les Russes ayant de tout temps cherché à acquérir la suprématie du feu sur le champ de bataille, que ce soit au moyen du nombre des tubes alignés ou par la cadence du tir automatique des armes d'infanterie, avaient été parmi les premiers à adopter la mitrailleuse Maxim. Ils furent 12 les premiers à accepter le "fusil-mitrailleuse" Madsen comme arme réglementaire russe, sous le nom de "Mitrailleuse de cavalerie modèle 1902", et à l'utiliser au combat contre les troupes japonaises.
C'est ainsi qu'un détachement composé de trois sections comprenant chacune deux F.M. Madsen fut chargé d'appuyer les "Cuirassiers jaunes de l'Impératrice" lors du combat de Nanchen, après la bataille de Moukden en mars 1905.
L'engagement dura de 6 heures du matin à 9 heures du soir. D'après le rapport du général russe Samsonof ; Le 5e dragons de Sibérie avait été repoussé par un parti japonais, composé d'un régiment d'infanterie soutenu par de l'artillerie ; il fut recueilli par un régiment de cuirassiers auquel on avait adjoint un détachement de six fusils-mitrailleuses danois... Ce détachement reçut si bien les Japonais qu'ils furent d'abord arrêtés dans leur poursuite, puis, après plusieurs retours offensifs. rejetés à 12 verstes avec des pertes considérables. L'action avait duré près de douze heures et, conclut le général Samsonof, le fonctionnement de chacun des six fusils-mitrailleuses n'avait rien laissé à désirer...  

D'après les sources du général Samsonof (cité par le journal Le Temps du 4 mars 1908), les six F.M. auraient tiré un total de 39 600 cartouches dont 27 000 pour un seul F.M. situé au centre du dispositif. D'autres sources russes, plus vraisemblables, font état du tir de 27700 cartouches dont 16000 pour le F.M. du centre qui supportait le gros de l'attaque.

Un rapport capital
Peu importent les chiffres : six F.M. avaient mis en échec un régiment durant douze heures de rang. Le rapport du général Samsonof eut un profond retentissement dans les milieux militaires européens et particulièrement français. L'usage de la "mitrailleuse de cavalerie, modèle 1902" fit l'objet d'un règlement de l'armée russe qui précisait ses limites d'emploi. Nous citons : La précision au combat, dans le tir coup par coup du fusil-mitrailleuse, est presque double de celle du fusil d'infanterie tiré à bras francs ; dans le tir automatique.
- La précision est égale à celle des feux de salve;

- La rapidité du tir coup par coup du F.M. est presque cinq fois plus grande (60 coups à la minute) que celle du fusil, et la rapidité du tir automatique est quinze fois plus grande que celle du fusil (180 coups à la minute). Mais, par suite de cette rapidité, le canon du F.M. s'use plus vite, la vitesse initiale baisse, la précision diminue et devient tout à fait insuffisante quand l'arme a tiré '15000 ou 20000 coups;

- Par suite de la précision du tir, le groupement des points de chute est plus serré ; la puissance destructive de l'arme est donc augmentée, et les abris opposés au tir du F. M. doivent être constitués plus solidement... Par ses propriétés balistiques, le F. M. ne se distingue guère de la mitrailleuse tirant sur un support ou un trépied, mais la différence essentielle consiste en ceci : Dans le tir du F.M., comme dans le tir ordinaire, les résultats dépendent du tireur, car la position de la ligne de mire varie à chaque coup et le tireur doit constamment ramener cette ligne de mire sur le but. Tandis que, dans le tir de la mitrailleuse, la position de la ligne de mire est fixe ; la mitrailleuse peut être, avant le tir, soigneusement dirigée sur le but et le chef peut facilement s'as-surer de l'exactitude du pointage : par suite, les résultats du tir sont meilleurs. (Extraits du règlement russe cités par le capitaine J. Pesseaud, revue d'artillerie, tome 81, 1912).

Les solutions françaises
Si le F.M. Madsen avait fait ses preuves au combat, les militaires français n'avaient pas attendu le rapport du général Samsonof pour s'intéresser à la question de la mobilité des mitrailleuses légères puisque l'on trouve trace, dans les séances du comité d'artillerie, de l'examen, le 5 mai 1903, d'une proposition d'organisation d'armes automatiques sur bicyclettes, présentée par le capitaine Chauchat, de la commission de Versailles ; cette proposition fut transmise à la Commission centrale des armes portatives.

D'autre part, ce même comité d'artillerie, dans sa séance d'avril 1906, énumérait les études en cours et à entreprendre sur les armes de petits calibres, dont les mitrailleuses et les fusils-mitrailleuses. Enfin, le 3 octobre 1907, il émettait un avis favorable à l'achat de 16 fu-sils-mitrailleuses Hotchkiss. Ces mitrailleuses très portatives étaient servies par deux hommes et pesaient 9 kg contre 7,5 kg pour le F.M. Madsen. L'idée était dans l'air et, dans la liste des brevets français, on peut lire, en date du 19 septembre 1908, le texte suivant :

Brevet n° 403 246. André-Virgile-Paul-Marie Berthier. Fusil mitrailleur automatique. Arme à emprunt de gaz, l'emprunt étant réglable au moyen d'un tambour. Fermeture de culasse avec verrou oscillant animé d'un mou¬vement longitudinal alternatif. Clef donnant à volonté le tir coup par coup ou le tir en mitrailleuse. Réfrigérant à eau. Fourche de tir. Déflecteur d'étuis. Dans le même temps, le comité d'artillerie poursuivait ses propres études dans le secret qui était de rigueur à l'époque pour ce genre d'activité : choisissant et comparant tel ou tel système. Rejetant a priori le principe de 14 l'achat à l'étranger d'une arme qui avait fait ses preuves, ceci pour sacrifier à l'orgueil national. C'est ainsi qu'on écarta une arme excellente : le F.M. Madsen et qu'on ne donna pas de suite au brevet de Berthier (lequel fit réaliser son projet en Belgique par les "anciens établissements Pieper", faute de trouver bon accueil en France). Les F.M. Hotchkiss et Lewis furent de même écartés. Seule l'invention d'un Autrichien, Rodolphe Frommer (une arme fonctionnant suivant le principe du "long recul du cannon"), trouva grâce, on ne sait trop pourquoi, auprès des autorités françaises. Ce principe compliqué aboutit à un prototype dont les dessins restèrent dans les cartons.

Les raisons d'un oubli
Ceci se passait en 1910 ; l'argent manquait et l'oubli se fit pour les "fusils-mitrailleuses", chez nous et chez les autres. Les réflexions du lieutenant-colonel d'artillerie Leleu, réflexions pa¬rues en 1911 dans l'avant-propos de son étude sur "l'adoption d'un fusil-automatique", en donnent les raisons :
"Il semble que les nations qui adoptent sans relâche de nouveaux matériels d'artillerie pour acquérir la supériorité en rase campagne, en montagne, dans les places fortes et jusque dans les airs, veuillent, au contraire, marquer un temps d'arrêt pour les armes portatives. Serait-ce qu'épuisées par les dépenses de leurs armées et de leurs .flottes elles reculent devant le demi-milliard que coûtera désormais le remplacement de l'armement du fusil ? N'est-ce pas aussi qu'elles hésitent devant cette échéance inéluctable, quoique toujours retardée : l'adoption d'une arme automatique?"

L'adoption d'un fusil mitrailleur était en fait une opération hasardeuse et coûteuse pour la grande puissance qui oserait se lancer dans l'aventure ; la réduction de poids de la mitrailleuse conventionnelle était éminemment plus rentable et, si la solution qu'elle apportait n'offrait pas les qualités intrinsèques du fusil mitrailleur, tout au moins était-elle séduisante et contribuait-elle à l'économie des deniers de l'Etat.

Cette solution prévalut dans tous les états-majors européens, l'Angleterre en fournissait un exemple avec sa nouvelle mitrailleuse Vickers allégée qui permettait son transport à dos d'homme, théoriquement au plus près de la zone de contact. Les détracteurs du F.M. vinrent à la rescousse en faisant remarquer que le tir du F.M. était beaucoup moins précis que celui de la mitrailleuse et que le canon, s'échauffant très rapidement, devait être changé au bout de quelques minutes de tir. En conséquence, la cadence pratique du tir était très inférieure à celle de la mitrailleuse ; d'autre part, si l'on voulait profiter de la légèreté du F.M. pour en doter un plus grand nombre d'hommes par compagnie ou par escadron, le gaspillage des munitions serait tel que l'intendance ne pourrait suivre. Arguments spécieux volant au secours de la routine.

La France en peine d'armes automatiques
Tout ceci fit qu'à l'ouverture des hostilités, en 1914, aucun des belligérants ne possédait en dotation de F.M. en quantité significative : les quelques centaines de Madsen, Hotchkiss ou Lewis ne pouvant être utilisés que comme mitrailleuses d'appoint au sein de la mission qui était assignée à ces dernières ; mission qui était, rappelons-le, essentiellement défensive. Si l'Allemagne et l'Angleterre avaient fait un gros effort pour doter leurs armées d'un nombre respectable de mitrailleuses Maxim et Vickers, la France qui avait hésité, tergiversé, durant près de quinze ans, se trouvait cruellement dépourvue en armes automatiques ; elle allait devoir payer fort cher en hommes ces hésitations et cette sous-estimation de la toute-puissance de l'automatisme dans les feux d'infanterie.

En 1915, l'affreuse réalité du champ de bataille avait balayé d'un souffle l'objection devenue ridicule du "gas-pillage des munitions" ; devant l'hécatombe de ses hommes, la France cherchait par tous les moyens, et quel qu'en fût le coût, à prendre la supériorité du feu de l'infanterie en dotant ses compagnies et ses escadrons d'armes automatiques : mitrailleuses très portatives, ou mieux fusils mitrailleurs pouvant être servis par un seul homme. Les sociétés étrangères Madsen ou Lewis et les ateliers Hotchkiss ne pouvaient subvenir à nos besoins ; force fut donc de courir au plus pressé et de ressortir des cartons le F.M. d'essai de 1910 sans trop s'inquiéter de savoir si le prototype était, ou non, au point.

La situation était telle que n'importe quoi valait mieux que rien du tout ; l'important était de fabriquer quelque chose dans le minimum de temps et, bien entendu, il ne pouvait être question d'utiliser une autre munition que notre vieille cartouche réglementaire conçue pour le fusil Lebel.



LE MIRACLE DU CHAUCHAT
C'est alors que nos ingénieurs, travaillant dans les pires conditions d'impro-visation et de hâte, réussirent le miracle du Chauchat. En faisant appel à des techniques révolutionnaires pour l'époque dans le domaine de la fabrication des armes à feu, en utilisant pour la première fois le métal estampé, le tube et le feuillard d'acier rivé ou grossièrement soudé, en faisant fabriquer par des usines satellites multiples des pièces détachées assemblées ensuite à la chaîne ; il réussirent, en moins d'un an, à adapter tant bien que mal le prototype de 1910 à des techniques qui n'auraient jamais été envisagées un seul instant en temps de paix par aucun Etat européen.

C'est ainsi qu'on put distribuer à partir du 1er mars 1916, à raison de huit par compagnie et de quatre par escadron, l'arme informe et mal venue qu'on appelle le F.M. Chauchat. Arme qui contribua, en dépit de ses défauts rhédibitoires, à donner à nos troupes la marge de supériorité de feu nécessaire pour mettre en échec les coups de boutoir des Allemands contre Verdun. Mieux encore, l'organisation de la production de masse du Chauchat nous permit de devenir les fournisseurs des Américains qui nous achetèrent plus de 35 000 de ces armes afin d'en doter les divisions de leur corps expéditionnaire.

Jugement du Chauchat
Trop souvent, le Chauchat a été condamné en bloc pour son seul aspect ou pour le fait qu'il s'enrayait à tout bout de champ et obligeait son utilisateur à un démontage au cours de l'action. Il importait, pour le juger équitablement, de le remettre dans son contexte et de le comparer avec ce qui existait à l'époque. Le Chauchat inaugurait en fait l'ère de la production de masse, à très bas prix, d'armes automatiques ; il était, bon fonctionnement en moins, une Sten avant la lettre. Il est trop facile aujourd'hui de se moquer de cette ferraille informe si l'on n'en connaît pas l'histoire exacte.
Certes, on comprend aisément la mauvaise humeur de ses utilisateurs, Français ou Américains, habitués aux armes belles et coûteuses qui fonctionnaient sans trop d'accrocs parce qu'elles avaient été soigneusement étudiées, puis mises au point et fabriquées avec l'infinie patience du temps de paix.

Mais il faut se rendre à l'évidence que le F.M. Chauchat n'avait jamais été qu'un pis-aller provisoire destiné à essayer de nous sortir tant bien que mal du pétrin dans lequel nous étions engagés. Et si, techniquement, tout contribuait à condamner l'infortuné Chauchat : la forme de la cartouche, les tolérances trop larges, le mode même de la fabrication et le principe défectueux de son fonctionnement, nous devons lui reconnaître des circonstances atténuantes telles qu'elles devraient suffire à l'absoudre et à l'admettre au rang et au respect dû aux armes qui firent notre histoire et qui servirent avec beaucoup de courage et d'honneur.