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FM Berthier

FM Berthier - Le système Berthier de 1916 et ses dérivés

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Le système Berthier de 1916 et ses dérivés
L'étude de cette arme fut faite après les hostilités par la commis¬sion d'expériences de Versailles (note n° 45-A du 30 septembre 1920). Berthier avait tardivement répondu à nos desiderata en supprimant le système de réfrigéra¬tion, en étoffant le canon et en ajoutant un régulateur d'échappement des gaz pour le réglage de la poussée. Un garde-main en bois avait été adapté.
Nous n'avons pas retrouvé le pro¬cès-verbal original des essais de 1920 mais la commission d'expériences de Versailles mentionnait le 21 juin 1921 que le fonctionnement de cette arme avec notre cartouche de 8 mm avait été franchement mauvais. Berthier était bien entendu conscient des défauts irrémédiables de la cartouche française qui faisait injustement tort à ses armes. C'est pourquoi, il présenta à la commission de Versailles, le 4 mars 1921, quatre nouveaux modèles de fusils mitrailleurs d'essai que nous al¬lons rapidement passer en revue.

Le fusil mitrailleur n° 3:
II était semblable au F.M. de 1916, mais il avait été chambré pour la cartouche réglementaire américaine ("30-06") dont nous envisagions l'adoption en raison de ses qualités et du fait que des milliers d'armes américaines tirant cette cartouche avaient été fournies à la France durant la Première Guerre mondiale et étaient devenues armes réglementaires françaises par destination. Le F.M. pouvait être équipé, soit d'un canon léger sans radiateur ni dispositif réfrigérant, soit d'un canon lourd à ailettes ; il possédait un régulateur à gaz à 3 évents et tirait des chargeurs parallélépipédiques de 30 cartouches.

Le fusil mitrailleur n° 9:
II ne différait du précédent que par de menus détails d'organisation ; l'arme avait été simplifiée, une crosse en bois et une poignée pistolet avaient été ajoutées. Elle n'était livrée qu'avec un seul type de canon léger, mais celui-ci était facilement démontable en campagne. L'arme était chambrée pour la cartouche américaine.

Le fusil mitrailleur n° 12:
C'était une arme simplifiée et al-légée, tirant uniquement par rafales et chambrée pour la cartouche réglementaire britannique de calibre .303 (7,7mm) qui était également réglementaire en France en raison des nombreux F.M. Le-wis et mitrailleuses Vickers qui armaient notre aviation. Ce F.M. n° 12 possédait un canon très léger à démontage rapide, il était équipé d'une hausse à œilleton ; son levier d'armement était astucieusement constitué par le garde-main que l'on pouvait mouvoir à la façon d'un "fusil à pompe". Enfin, il utilisait des chargeurs curvilignes (en raison des bourrelets de la munition) contenant 25 cartouches.

Le fusil mitrailleur n° 13:
Ce dernier type d'arme était chambré pour la cartouche américaine, il possédait un garde-main et une crosse en bois ; le le¬vier d'armement avait été rétabli sous l'arme. Celle-ci était équipée d'un canon léger non démontable par l'utilisateur.
Toutes ces armes furent essayées conjointement puis comparées avec les fusils mitrailleurs Mad-sen, Hotchkiss, Lewis et BAR le 29 juin 1921. Voici, en ce qui concerne les armes Berthier, les remarques qui furent consignées au procès-verbal :
Points positifs: très bonne préci-sion du tir, bonne résistance à la poussière et à la boue, peu d'incidents de tir avec les cartouches américaines et britanniques (58 incidents sur 5300 coups tirés).
Points négatifs: après le tir de 300 cartouches, échauffement rapide des armes munies de canons légers rendant leur transport difficile ; culasse ne restant pas ouverte en fin de chargeur ; absence d'organisation pour le tir à blanc ,-absence de cache-flamme indispensable pour le tir de nuit; cadence théorique de tir un peu élevée 1389 à 465 coups minute) ; mise en joue laborieuse : "l'œil ne se trouve pas automatiquement sur le prolongement de la ligne de mire (crosse trop droite, sans pente de couche, appareil de pointage trop déporté sur la gauche)". Enfin, la durée de changement de canon (35 secondes par deux hommes debout) était jugée trop longue.
La commission d'expérience de Versailles fit ensuite une compa-raison de vitesses de tir pratique de 730 cartouches entre les armes suivantes : F.M. Madsen, Hotchkiss, Lewis, Berthier et BAR. C'est le F.M. Madsen qui remporta l'épreuve haut la main avec la vitesse de tir de 72 cartouches à la minute, suivi par les F.M. Hotchkiss et Lewis avec respectivement 51 et 50 cartouches à la minute. F.M. Berthier et F.M. BAR, de conception très proche, arrivèrent bons derniers avec 24 et 23 cartouches à la minute.

Les conclusions du rapport furent néfastes pour les armes Berthier, en voici la teneur : "Dans leur état actuel, les F.M. Berthier ont une vitesse de tir très inférieure à celle qui est réalisée dans d'autres armes de poids équivalent (F.M. Madsen) et à celle que demande l'infanterie pour l'arme automatique du groupe de combat. Enfin, si ces armes ont fonctionné d'une façon à peu près satisfaisante avec les cartouches américaines et anglaises, il ne faut pas oublier que le même fusil mitrailleur, établi pour la cartouche française, a donné des résultats franchement mauvais : ce fonctionnement défectueux dû à la forme conique de notre cartouche semble difficile à améliorer avec une arme de ce système... En résumé, dans son état actuel, le fusil mitrailleur Berthier ne saurait être retenu pour constituer dans l'armement de l'avenir l'arme du groupe de combat de l'infanterie". -"Le rapporteur, capitaine Morel, membre de la commission d'expériences de Versailles. Le général Emery, président. Versailles, le 21 juin 1921."
Néanmoins, l'arme était intéressante et on la tint en réserve. L'obstination de Berthier est quelque chose d'assez extraordinaire puisque, en dépit des échecs continuels essuyés depuis 1910, notre "Pacha" devait profiter cette fois de toutes les critiques qui avaient été émises sur ses dernières armes, et il présentait l'année suivante un fusil mitrailleur amélioré, appelé par lui "modèle 1922". C'est cette arme qui clôt la très longue série des armes d'essai Berthier et qui allait être mise sur les rangs pour le concours dont le vainqueur deviendrait le nouveau F.M. français.

Le système Berthier de 1922
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